Avant même de naître, l’enfant préexiste dans l’imaginaire familial, aussi bien chez les parents que les grands-parents, sans oublier les frères et sœurs. La plupart du temps, il existe bien longtemps avant d’être conçu. Il est idéalisé et vient conforter, prolonger l’amour des parents, mais aussi combler leur besoin de prolonger la vie. Tout n’est pas toujours aussi rose. Certains bébés naissent dans des familles qui ne l’attendent pas, conçus par hasard. D’autres encore servent de mobile ou de prétexte : remplacer un enfant disparu, obtenir des aides financières, etc.
Il va cependant occuper une place socialement définie : fils ou fille de ..., dans une culture et un groupe social particulier, dans la succession des générations. Cette inscription symbolique se fait par la nomination. Dans nos sociétés, le nom de famille représente cette inscription.
Le prénom quant à lui ressort à la fois des registres symbolique et imaginaire puisqu’il est culturellement obligatoire et individuellement choisi.
Mais le plus souvent, le bébé est d’abord dans la tête de ses parents. Cet enfant, ils le veulent.
Ils espèrent, fille ou garçon avec le physique du père et le caractère de la mère ou inversement. Ils l’imaginent doté de qualités physiques, mentales et morales, capable de réagir dans la vie.
Et un jour, la nouvelle arrive, la grossesse est confirmée. Le petit embryon porte déjà les habits d’une personnalité rêvée par sa mère et par son père avec qui il devra cohabiter bon gré, mal gré.
Dans certains cas, très tôt, bébé peut faire sentir qu’il est différent des attentes des grandes personnes. Il ne naît pas à la date prévue, il est petit mangeur alors qu’on le rêvait gourmand, il est très tonique alors qu’on attendait un enfant paisible.
Le rêve n’est pas dangereux, ... au contraire, il nourrit l’attente et plus tard le développement du bébé. C’est comme un moteur précieux, tant pour les parents que pour l’enfant. Il n’est pas dangereux tant qu’il s’ajuste progressivement à la réalité, à sa réalité, à ce qu’il devient lentement.
Plus tard, lorsque se développera sa personnalité, l’enfant réel enverra une part de rêve parental au musée des enfants imaginaires, et c’est tant mieux.
Les parents seront déçus parfois, mais le rêve est virtuel.
Il s’agit malgré les différences manifestées (physiques et comportementales) d’aider l’enfant à prendre son envol vers sa réalité propre et il y parviendra d’autant mieux que ses parents ne l’auront pas chargé de mission comme celle de réparer leurs blessures d’enfance.